Pourquoi des millions de citoyens se sont levés en disant "Je suis CHARLIE" ? Voici une analyse psychosociologique.
Je suis CHARLIE : le cri en image d'un individu dans cette matinée du mercredi 7 janvier, Joachim Roncin, en apprenant l'attaque de Charlie Hebdo. Cri reprit par des millions d'individu en France et dans le monde. Cri d'empathie, de soutien, de réaction à la violence qui tente de faire taire en instaurant la terreur, est synonyme pour son créateur de "Je suis libre" et de "Je n'ai pas peur".
Puisque plusieurs personnes disent cela, le cri s'est souvent transformé en "Nous sommes CHARLIE". Je suis un individu qui cri et d'autres membres du groupe, en France comme à l'étranger, crient la même chose. L'expression devient celle du groupe. C'était d'ailleurs souvent cette phrase qui était inscrite sur la banderole en tête des cortèges dimanche 11 janvier.
Et certains ont même écrit "Nous sommes tous CHARLIE". Non seulement d'autres individu du groupe crient la même chose que moi, mais en plus TOUS les membres du groupe crient la même chose. Le groupe, c'est la population française, voir mondiale. Tous unis dans un même élan, d'une même voix. C'est beau ! Et c'est heureusement une illusion. Tous les être humains ne partagent pas les mêmes idées. Chaque individu est libre de ses pensées. Par exemple, tous ne se retrouvent pas dans le fond et la forme de l'expression de Charlie Hebdo. Beaucoup disent ne pas aimer son coté vulgaire, sa moquerie. Les dessins et les textes de Charlie Hebdo peuvent choquer, provoquer de la colère. Il est important que cette colère puisse s'exprimer, sans mener à la violence, voir au crime. Le message porté par "Je suis CHARLIE" doit rester "Je suis pour la liberté dans le respect des lois". Car, si ce message est compris comme "Je suis d'accord avec ce que dit Charlie Hebdo", il provoque immancablement en réaction "Je ne suis par CHARLIE" chez ceux qui ne sont pas d'accord, voir "Je suis terroriste".
Charlie Hebdo, tout comme les autres médias dérangeants, a un rôle primordial dans notre société, dans le groupe des humains : il est le garant de la liberté. En faisant usage de cette liberté, en allant jusqu'aux limites permises par les lois, il nous assure que nous sommes nous aussi libres ... même si nous, individus du groupe, ne faisons pas autant usage de cette liberté.
Aussi, atteindre à Charlie Hebdo, c'est atteindre aux libertés de chaque individu, en France d'abord, mais aussi dans le monde, car, tout comme Charlie Hebdo est un des garants de la liberté en France, la France est souvent présentée dans le monde comme le pays des libertés. Les 4 millions de citoyens qui se sont levés et ont manifesté ce dimanche ont affirmé ce droit à la liberté. L'ampleur de la réaction est à la mesure de cette tentative de restreindre nos libertés. Et le décalage entre les 60 000 exemplaires du journal et les 4 millions de manifestants s'explique : ce qui est important pour chacun, ce n'est pas de lire Charlie Hebdo, c'est de savoir qu'il existe.
Dans un Etat de droit, tout ce qui n'est pas interdit est autorisé, que ça plaise ou pas ! Les valeurs de respect et de tolérance sont parfois difficiles à respecter, mais elles sont fondamentales dans une société humaine, pour permettre de vivre ensembles et libres, dans la dignité. Je te respecte et tu me respectes. Chacun est alors libre de ses croyances, de sa religion, de son expression et de ses actes, dans le respect de la loi.